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Articles

Affichage des articles du mai, 2025

Qui suis-je lorsque j’ai peur de ne pas être aimé ?

  Par Eunice Lyncé Qui suis-je lorsque j’ai peur de ne pas être aimé ? C’est une question simple en apparence, mais dont les implications sont vertigineuses. Elle touche au cœur de notre humanité : ce besoin d’être aimé, non pas comme un luxe ou un agrément, mais comme une nécessité fondamentale, presque biologique. Le désir d’amour n’est pas un caprice. Il est inscrit en nous comme une donnée première, au même titre que le besoin de nourriture ou d’air. Et pourtant, c’est peut-être cette évidence même qui le rend si dangereux. Dès l’enfance, nous apprenons que l’amour est conditionnel. On nous enseigne, sans toujours le dire, qu’il faut être sage pour être accepté, obéissant pour être valorisé, discret pour être toléré. Le lien entre amour et conformité s’installe ainsi très tôt. Être aimé, c’est répondre à une attente. Et dès lors, une idée s’insinue : je ne mérite l’amour que si je corresponds. Cette équation, une fois intériorisée, devient le fondement d’une construction identi...

La souffrance amoureuse décryptée par la philosophie du langage

  Longtemps perçu comme une fatalité émotionnelle, l’amour est souvent associé à la souffrance, à la dépendance affective et à la perte de soi. Mais cette lecture, aussi répandue soit-elle, mérite d’être interrogée. En mobilisant la théorie des actes de langage de J.L. Austin, ce texte propose un renversement conceptuel : et si ce n’était pas l’amour en lui-même qui faisait souffrir, mais l’échec de sa performativité dans l’espace relationnel ? À travers une relecture des conditions de félicité des énoncés amoureux, il s’agit ici de déplacer le regard — de l’essence du sentiment vers les mécanismes concrets de son expression et de sa réception. Pendant longtemps, j’ai défendu une conception pessimiste de l’amour : celle d’un sentiment essentiellement souffrant. Aimer, pensais-je, c’était s’exposer à une asymétrie, à une vulnérabilité radicale, voire à une dépossession de soi. L’amour, dans cette perspective, n’était pas une expérience éthique ou existentielle féconde, mais un déséq...