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L'érosion des intimités

 



À quel moment, un ami, un amant, devient-il un parfait inconnu? 

C'est dans ces silences qui s'étirent, d'abord imperceptibles, puis assourdissants. Dans ces messages qui restent sans réponse, comme des bouteilles à la mer échouées sur des rivages déserts. C'est dans ces regards qui, autrefois complices, ne brillent plus de la même étincelle.


Le temps, tel un sculpteur impitoyable, érode les souvenirs les plus précieux. Les rires partagés se fanent comme des fleurs oubliées dans un vieux livre. Les promesses d'éternité se dissolvent dans l'océan du quotidien, emportées par les courants de la vie qui nous entraînent sur des chemins divergents.


On ne remarque pas tout de suite cette métamorphose. C'est subtil, comme l'automne qui teinte les feuilles une à une. Un jour, on réalise que les conversations jadis profondes se sont muées en banalités polies. Que les secrets autrefois partagés dans la pénombre de nos confidences sont devenus des mystères gardés sous clé.


Cette personne qui connaissait nos démons les plus intimes, qui lisait dans nos silences, qui devinait nos pensées avant même qu'elles ne prennent forme, se transforme en une énigme. Son visage, pourtant si familier, prend les traits d'un étranger. Ses gestes, sa voix, son rire résonnent différemment, comme un écho lointain d'une mélodie qu'on ne sait plus jouer.


Et le plus cruel dans cette métamorphose, c'est qu'elle n'a besoin ni de dispute fracassante, ni de trahison dramatique. Elle se nourrit simplement de notre indifférence mutuelle, de ces petites négligences quotidiennes, de ces "on s'appelle bientôt" qui ne se concrétisent jamais.


Ainsi va la vie, transformant les chapitres les plus intenses de notre histoire en de simples passages, les protagonistes en figurants, jusqu'à ce que leurs noms ne deviennent que des échos lointains dans les couloirs de notre mémoire.


Et peut-être est-ce là la plus grande tragédie de nos existences : voir ceux qui ont un jour habité notre âme devenir des fantômes, des visages dans la foule, des inconnus parfaits portant le masque de nos souvenirs.

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