« L’expérience prouve que celui qui n'a jamais confiance en personne ne sera jamais déçu », a dit un jour le fameux peintre photographe scientifique Léonard de Vinci. Il est vrai que la méfiance pratiquée à petite dose et à bon escient nous épargne de quelques tracas. Mais il ne faut pas non plus oublier que nous sommes des êtres sociaux, et que sans confiance aucune relation amicale, amoureuse, professionnelle… n'est possible. Pourquoi certains ont-ils assez de mal à se confier aux autres ?
Selon Christophe André, psychiatre cognitivisme, « on peut dire qu’il y a deux types de personnes : celles qui font a priori confiance et celles qui sont méfiantes a priori. » Autant conclure que la méfiance n'est pas une pathologie. Mais, appliquée de manière excessive et systématique, elle condamne celui qui en souffre à l’isolement et à la solitude. D’après le psychiatre, « cette phobie sociale apparaît chez les personnes de tempérament hypersensible. » Vulnérables et fragiles, elles usent de la méfiance comme une source de protection contre le monde extérieur.
Un héritage de l'enfance !
L’enfant est né confiant. Bien entouré par sa famille, il use de la confiance naturellement, mais n’ignore pas la méfiance. En fait il est dans une situation assez paradoxale : il fait confiance à ses parents parce que sa vie en dépend. La méfiance surgit en réponse aux sensations pénibles susceptibles de l’assaillir quand sa mère n’intervient pas assez rapidement pour s’occuper de lui : inconsciemment, il voit alors en elle un « mauvais sein » qui le persécute. Il souffre et attribue automatiquement à sa mère, à ses yeux toute-puissante, un désir de lui faire du mal.
Selon la psychanalyste Mélanie Klein (1882-1960), la première à avoir exploré cet aspect du développement infantile, c’est une réaction normale [la méfiance] si elle n’envahit pas l’ensemble de la sphère affective. Plus tard, ce mélange ambivalent, de tendresse et de méfiance sera l’ordinaire des relations humaines. Cependant, cette disposition psychique à la méfiance peut être renforcée par la peur de parents, très angoissés eux-mêmes par le monde extérieur. « Méfie-toi des gens », « Ne suis pas n’importe qui » : ces avertissements, nécessaires à la sécurité de l’enfant qui tend à se montrer crédule vis-à-vis de toute personne ressemblant à une figure parentale, « doivent rester modérés », précise la psychothérapeute Agnès Payen de la Garanderie. Étouffé par des parents surprotecteurs, l’enfant peut en venir à percevoir le monde extérieur comme une jungle terrifiante peuplée d’agresseurs potentiels.
Une trop grande attente de la part d'autrui | et/ou un manque de confiance en soi.
Lorsque ce n’est pas un héritage infantile, c'est la vie elle-même qui nous enseigne la méfiance : un collègue qui nous trahit, un ami qui abuse de notre générosité, un partenaire qui nous trompe… Les grands méfiants « sont des personnes qui ont une vision illusoire car idéaliste des relations », commente Christophe André. Hyper exigeantes à l’égard d’autrui, ses personnes interprètent le moindre manquement comme une marque de trahison. Elles basculent finalement dans une sorte de paranoïa : « Personne n’est digne de ma confiance, donc tout le monde me veut du mal. »
Ou du moins cela peut être basée sur des stéréotypes de ses expériences passées : « Cet homme m’a quittée sans rien dire, donc tous les hommes sont des lâches. » Finalement soit on doute de ses propres capacités, soit on attend trop de l’autre.
« L’entrée en relation avec autrui est toujours une prise de risque, remarque Agnès Payen de la Garanderie. Il faut accepter de mettre à l’épreuve, pendant un certain temps, les premières impressions qu’elle nous a inspirées, de manière à en tester la fiabilité. Or, cette prise de risque n’est envisageable que par celui qui, à l’origine, a suffisamment confiance en lui pour ne pas réagir violemment en cas de déception. » On peut donc conclure que l’absence de confiance en l’autre est presque toujours le signe d’un manque de confiance en soi.
Conseils au méfiant
Identifier les origines.
Le refus d’accorder sa confiance est souvent lié à une expérience malheureuse. Le mieux serait d'identifier ces événements afin d'arriver à faire preuve de plus de tolérance et de souplesse dans ses jugements à l’égard des autres : il devient évident que la menace ne vient que de la personne qui, dans le passé, a effectivement abusé de notre confiance.
Être réaliste.
Non, tous les hommes ne pensent pas qu’au sexe, toutes les femmes ne s’intéressent pas qu’à l’argent, tous les patrons ne cherchent pas à exploiter leurs employés… Il faut se débarrasser de ses préjugés stéréotypés et accepter de donner chance à l’autre. Ainsi, une personne incapable de garder un secret se révélera peut-être efficace dans le travail ou de bon conseil en amitié.
Se concentrer sur les expériences positives du passé.
Vous avez forcément fait des expériences positives dans le passé où des gens se sont comportés en véritables alliés envers vous. C’est en se souvenant des expériences positives que l’on apprend à relativiser : tous les hommes ne sont pas malveillants et l’on n’est pas condamné au rôle de victime.
Eviter les procès d’intention.
Il arrive que l’autre trahisse la confiance qu’on lui avait accordée. Mais est-il conscient du mal qu’il a causé en agissant ainsi ? Plutôt que de lui faire des procès d’intention, il faut s’expliquer avec lui. A-t-il fait exprès de trahir le secret ? Se rend-il compte que ses retards à répétition peuvent déranger ? Dans toute relation, la confiance se gagne aussi par le dialogue.
Auteur : Hérard Jocelyn Godson.
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Source : psychologies.com
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