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La dernière culotte_Hélène

 


La femme est attirante tant qu'elle reste couverte. Celle-là l'avait compris. Elle avait aussi compris que la séduction était un jeu qu'on pouvait remporter ou perdre. J'ai déjà côtoyé des tricheuses qui étaient prêtes à tout pour gagner. Mais elle, c'était une joueuse qui jouait chaque partie avec art.


*

Hélène... Il me serait impossible, jadis, de penser que je pourrais être aussi amoureux d'une fille. Hélène, lorsque nous nous sommes croisés n'a daigné me regarder, car, ai-je appris plus tard, elle avait appris de la bouche de certaines amies que Hash était le genre de pervers puissance dix qu'une fille de son rang devrait à tout prix éviter. Aujourd'hui encore, je me demande pourquoi elles pensent toutes que je suis un pervers ? Égoïste serait plus juste. Même s'il serait toujours un peu trop excessif !

Vous qui me côtoyez depuis quelques temps, vous connaissez le portrait que je me fais de la femme idéale : Dame au salon, pute au lit. Les femmes de salon, je les estime pour une raison particulière, une raison qui me tient à cœur, une raison, je le consens, qui pourrait vous surprendre, mais c’est l'unique raison qui rend une femme désirable : elles sont couvertes. Plus le dessus de la robe d’une femme me paraît mystérieuse, inaccessible, plus cela m’aiguillonne. Cela, Hélène le savait. Mais elle savait plus encore. Elle savait que certains hommes pourraient avoir peur des femmes de grandes valeurs et de grandes intelligences, celles qui lisent et qui écrivent, celles qui sont chercheures à l’université, qui tiennent un salon littéraire, etc., elle savait que tous admiraient, même si cela exaspérait quelques-uns, les  dames. Hash beaucoup plus que les autres. Aucune dame n’exaspérait Hash. Au contraire, Hash les admirait, les contemplait, rodait autour, les félicitait… Hash les aimait toutes. Mais il avait une préférence pour celles qui aimaient jouer et qui savaient jouer sans tricher. Il admirait celles qui pouvait jouer avec subtilité et remporter la partie – lorsque c’était possible – dans les règles de l’art.

Hélène, je l’ai aimée du premier regard. Son regard était empreint d’une si grand rébellion. Elle portait en elle tout le paquetage qui pourrait attiser ma flamme. Je crois sincèrement qu’une femme n’a besoin de trois choses pour rendre fou un homme. Elle doit être intelligente, couverte et rebelle.

Hélène demeurait une femme d'une remarquable complexité, savamment dissimulée sous les plis délicats de ses atours. Son regard de braise embrassait le monde avec une insondable rébellion, défiant quiconque d'en percer les mystères. Car elle avait compris, cette créature aux mille facettes, que le véritable pouvoir d'une femme réside dans l'art subtil de la suggestion plutôt que dans l'exhibition dénudée.

Chaque pan de soie, chaque courbe subtilement dévoilée n'était qu'un appât tendu à l'imaginaire masculine, aiguisant les sens, ravivant les brasiers du désir dans une danse envoûtante. C'était là son art suprême, celui de laisser deviner sans jamais tout révéler, de faire miroiter l'extase sans pour autant la livrer impudemment.

Hélène savait, elle qui déchiffrait les âmes avec une perspicacité à nulle autre pareille, que certains hommes se laissaient aisément effrayer par l'intelligence féminine. D'autres, tels que moi, s'en trouvaient irrésistiblement attirés, happés dans les remous d'une fascination sans bornes. Son esprit affûté comme une lame de damascène n'était que le prolongement d'un corps aux courbes altières, véritable sirène des temps modernes.

Dès l'instant où nos regards se croisèrent, je sus que j'étais perdu, envoûté par ce tourbillon de séduction savamment distillée. Hélène avait lu en moi comme dans un livre grand ouvert, déchiffrant mes codes, mes failles, mes espoirs enfouis. Elle avait compris que si je chérissais tant les femmes de salon, c'était précisément parce qu'elles constituaient une énigme vivante, un défi à relever par l'esprit autant que par la chair.

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