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Moi, mes luttes, vos espoirs



Si vous saviez... Si seulement vous pouviez comprendre l'abîme qui se creuse en moi à chaque fois que vos yeux s'illuminent d'espoir en me regardant. Ces mots de Kery James, je les porte en moi comme un fardeau, comme une litanie douloureuse qui résonne dans chaque fibre de mon être :


Si vous saviez à quel point pour moi vos espoirs sont lourds à porter

M'en demandez pas plus, lutter m'a épuisé

Ne défendez pas l'homme, mais défendez les idées


Chaque jour, je me lève avec la sensation d'Atlas portant le monde sur ses épaules. Mais ce n'est pas le globe terrestre qui m'écrase, ce sont vos espoirs. Vos attentes. Vos rêves que vous projetez sur moi comme autant de fardeaux impossibles à soulever. Je voudrais vous dire, vous crier même, à quel point chacun de vos sourires confiants, chacun de vos regards emplis d'attente, est pour moi comme un nouveau poids ajouté à une charge déjà insupportable. Vos espoirs, si beaux soient-ils, m'étouffent. Ils m'empêchent de respirer, de vivre, d'être simplement moi-même. Je me sens comme une statue de cristal sur laquelle on empilerait sans cesse de nouvelles responsabilités, de nouvelles attentes. Je crains à chaque instant de me briser sous ce poids, de voler en éclats et de vous décevoir tous.

Oh, comme je suis las ! Épuisé jusqu'à la moelle de mes os, vidé de toute substance. Chaque matin est une nouvelle bataille contre moi-même, contre cette fatigue qui s'est installée au plus profond de mon être. Lutter, toujours lutter. Contre vos attentes, contre mes propres doutes, contre cette image idéalisée que vous avez de moi et que je ne peux atteindre. Je voudrais pouvoir vous dire : "Stop ! Assez ! Je n'en peux plus !" Mais les mots restent coincés dans ma gorge, étouffés par la peur de vous décevoir. Alors je continue, jour après jour, à porter ce masque de force et de détermination. Mais derrière ce masque, je me désagrège, je m'effrite, je me perds. Chaque nouvel espoir que vous placez en moi est comme un coup de marteau sur mon âme déjà fissurée. Je tremble intérieurement, craignant le moment où je ne pourrai plus tenir, où je m'effondrerai sous le poids de vos attentes.


La peur est devenue ma compagne constante. Peur de faillir, peur de vous décevoir, peur de n'être plus rien une fois que j'aurai échoué à être celui que vous voulez que je sois. Cette peur me ronge de l'intérieur, elle paralyse mes pensées, elle étouffe mes aspirations. Chaque interaction devient un défi, chaque conversation une épreuve. Je scrute vos visages, à la recherche du moindre signe de déception, du plus petit indice que je ne suis pas à la hauteur de vos espérances. Cette vigilance constante m'épuise encore davantage, me vide de toute énergie. Je me sens pris au piège, incapable d'avancer, terrorisé à l'idée de reculer. Chaque jour est une corde raide sur laquelle je vacille, craignant à chaque instant de tomber dans le gouffre de votre désillusion.

Du plus profond de mon désespoir, je vous lance cet appel : ne me défendez pas, ne me placez pas sur un piédestal. Ce n'est pas moi qu'il faut défendre, mais les idées que je porte. Je ne suis qu'un homme, fragile, faillible, avec mes limites et mes faiblesses. Je vous en supplie, voyez au-delà de ma personne. Les idéaux que je représente à vos yeux sont plus grands que moi, ils me dépassent. Ils peuvent et doivent exister sans moi. Ne faites pas de moi le réceptacle de tous vos espoirs, car je ne suis pas de taille à les porter.

Malgré tout, au cœur même de ma détresse, je garde l'espoir. L'espoir de pouvoir un jour déposer ce fardeau trop lourd, de pouvoir respirer librement, de retrouver qui je suis vraiment sous toutes ces couches d'attentes et de projections. J'aspire à un monde où je pourrais contribuer à ma mesure, sans avoir à porter sur mes épaules les espoirs de tous. Un monde où je pourrais être moi-même, avec mes forces et mes faiblesses, sans craindre constamment de vous décevoir. Ce n'est pas un abandon, pas une trahison. C'est un appel à une nouvelle forme de relation, plus saine, plus équilibrée. Où les idéaux seraient portés collectivement, où le fardeau serait partagé, où chacun pourrait trouver sa place sans se perdre.

Ces mots que je vous adresse, nés de ma souffrance et de mon épuisement, sont aussi porteurs d'espoir. Ils sont le témoignage d'une âme qui, malgré tout, n'a pas renoncé. Qui, au cœur même de sa détresse, trouve encore la force de s'exprimer, de chercher une issue. Je vous demande de m'entendre, de comprendre que derrière le porteur d'espoirs que vous voyez se cache un être humain, fragile et vulnérable. Que les idéaux, aussi nobles soient-ils, ne doivent pas écraser ceux qui les portent. J'espère que mon cri résonnera en vous, qu'il ouvrira la voie à une réflexion profonde sur notre rapport aux autres, à nous-mêmes, à nos idéaux. Qu'il sera le premier pas vers un monde où les idées seraient défendues avec passion, mais où les individus seraient traités avec compassion. Je rêve d'un monde où je pourrais porter des espoirs sans en être écrasé, lutter sans m'épuiser, et être moi-même tout en servant des idéaux plus grands que moi. C'est ce monde que j'appelle de mes vœux, c'est pour ce monde que je trouve encore la force de me lever chaque matin, malgré le poids qui m'accable.


Entendez mon appel. Voyez au-delà de l'homme. Défendez les idées, pas celui qui les porte. Et peut-être qu'alors, je pourrai enfin respirer.

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