Pourquoi l'homme, dans sa quête incessante de rationalisation, ressent-il ce besoin impérieux de nommer, de catégoriser, de réduire l'indicible à des concepts étroits ? Ne serait-il point plus sublime de s'abandonner à la pure sensation, de laisser vibrer l'instant dans toute sa plénitude organique, sans chercher à l'enfermer dans les geôles restrictives du langage ?
Ce matin encore, elle m'a signifié avec une netteté qui trahissait son trouble intérieur qu'elle ne saurait être qualifiée d'être ma "copine", comme si ce vocable dérisoire pouvait circonscrire la complexité de notre connexion. Je perçois, derrière cette négation véhémente, le mensonge qu'elle se murmure à elle-même, tentative désespérée de maintenir des frontières là où les âmes ont déjà aboli toute démarcation.
Jamais je n'ai tenté d'apposer un sceau, un titre, une définition sur ce qui nous lie. Ma posture était celle de l'acceptation pure : ressentir sans nommer, vibrer sans catégoriser. Chaque moment était un territoire vierge, un espace de sensation libre, où les conventions sociales n'avaient point leur empire.
Mais voici que maintenant, ce besoin de nommer s'immisce, tel un ver dans le fruit de notre connexion. Ces mots qu'elle profère, ces lignes de démarcation qu'elle trace, sont-ils autre chose qu'une tentative dérisoire de maîtriser l'incontrôlable ? De contenir l'océan dans un verre ? Notre relation échappe aux nomenclatures, aux définitions administratives. Elle est flux, mouvement, respiration partagée.
Je pressens que bientôt, et surtout parce que je l'aime trop, nous devrons affronter cette nécessité prosaïque de nommer ce qui ne devrait point l'être. Mais pour l'heure, je demeure dans l'interstice, ce lieu suspendu où les sentiments se jouent des étiquettes, où l'essence pulvérise les formes.
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