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Enseignement et langue maternelle : avantages et inconvénients

 



La langue maternelle est la première langue avec qui l'enfant a été en contact et dans laquelle il a appris à parler. Donc, un petit Haïtien, de mère et de père haïtiens, né et élevé en Chine a plus de chance d'avoir pour langue maternelle le chinois. Qui plus est, la langue maternelle n'est pas nécessairement la première langue de la mère ou du père ; ce n'est même pas toujours leur langue principale. Même si elle a la même appellation que la langue enseignée à l'école, il peut s'agir d'un dialecte, apparenté à cette dernière par son origine, mais en réalité si éloigné d'elle qu'il est presque inintelligible pour l'enseignant. Dans un même pays, il peut y avoir différentes communautés linguistiques, ce qui peut faire qu'il y ait plusieurs langues actives à l'intérieur même de ce pays. Cela peut arriver à cause de la mondialisation, des vestiges de l'esclavage ou de cohabitation de peuples qui ne cohabitaient pas forcément ensemble avant. C'est le cas des Ouïghours en Chine qui parlent Turc; à Los Angeles, un élève sur cinq n'est pas de langue maternelle anglaise; la première ville portoricaine du monde ne se trouve plus à Porto Rico, mais à New York; Miami est une ville cubaine de première importance où l'espagnol est une langue officielle. Le nombre de langues, à l'intérieur de chaque État, ne tient ni au nombre d'habitants, ni à la superficie. Ainsi dix-huit langues différentes sont parlées sur le minuscule territoire du Suriname contre trois au Japon, si l'on compte l'idiome de la minorité coréenne d'un demi-million de personnes et la langue aïnu, qui est en voie d'extinction.Ces situations forment ce qu'on appelle des minorités linguistiques. Les minorités linguistiques, ne sont pas des communautés de langues inférieures, car aussi minoritaire peut être une communauté parlant une langue, cette langue transmis de générations en générations, de parents aux enfants, constitue un pilier culturel conférant à chacun de ses locuteurs une visions du monde. Mais cette riche diversité linguistique constitue un gros problème quand un État doit choisir sa/ses langues/s officielle/s. Certains choisissent la langue de la majorité dont l'usage est répandu sur le territoire, d'autres, anciennement colonisés, gardent la langue du colon comme langue officielle, d'autres, constituant une caste influente économiquement et politiquement et souvent minoritaires, préfèrent garder la ou les langues qu'ils parlent. Mais peu importe le choix des pays, ils se heurtent toujours à une question : Dans quelle langue faut-il enseigner/éduquer les gens?


Depuis 1950, l'Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) encourage l'éducation dans la langue maternelle. Audrey Azoulay, directrice générale de cette organisation a déclaré : "Les langues  maternelles sont des alliées précieuses dans l’objectif d’atteindre une  éducation de qualité pour tous." Car finalement, "Elles sont le premier moyen de traduire véritablement le sens du monde et de faciliter la compréhension par l'enfant de l'essence de son environnement," selon le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Tijjani Mohammed-Bande. Maintenant parlons un peu de la raison pour laquelle l'enseignement en langue maternelle serait le plus adapté aux peuples.

Il est maintenant prouvé que l'enfant qui arrive à l'école n'est pas une feuille blanche sur laquelle on va écrire. L'enfant qui arrive à l'école est déjà un être conscient avec déjà une conception du monde. Cette conception du monde est acquise dans sa communauté et bon nombre de ce qu'il connait avant d'aller à l'école, il l'a appris par le biais de sa langue maternelle. L'enfant qui arrive à l'école sait déjà comment on dit "âne", "maman", "canal"... dans sa langue. Cet acquis qui ne lui a pas été enseigné est appelé "connaissance procédurale." La connaissance procédurale c'est tout ce que l'enfant connaît déjà par le biais de sa langue. Donc, enseigné l'enfant dans sa langue maternelle c'est une continuité "académique" de ce que l'enfant connaît déjà. Dans cet atmosphère, l'enfant aura une confiance en soi, ce qui n'est pas le cas quand, arrivé à l'école, l'enfant heurte sur une langue qui lui est étrangère et dans laquelle il doit réapprendre tout ce qu'il est censé déjà connaître. Cela (l'enseignement dans une langue étrangère) peut occasionner de divers inconvénients: parce que l’école ne parle pas leur langue, les parents n’y inscrivent pas leurs enfants ; les enfants ne réussissent pas à exécuter correctement les exercices ; les enseignants se sentent impuissants face à l’incapacité des enfants à participer ; les enfants connaissent l’échec dès les petites classes, etc. Certains enfants réussissent néanmoins, parfois avec l’aide d’un programme de transition linguistique qui les aide à apprendre la langue d’enseignement. Cette réussite peut toutefois avoir des effets négatifs quand, à cause de l’enseignement dans la langue dominante, les enfants n’acquièrent pas la maîtrise de la langue qui est celle de leur famille et de leur entourage et perdent ainsi le contact avec leur propre héritage culturel. Certains enfants continuent certes à développer la maîtrise de leur langue première tout en réussissant à suivre une scolarité dans une seconde langue, mais ce n’est pas automatique. Les enfants se retrouvent alors peu à peu incapables de communiquer avec leurs parents et leurs grands-parents au-delà des situations élémentaires du quotidien, et il s’ensuit une déperdition rapide de langues et dialectes qui sont les dépositaires de savoirs culturels. Cette dernière situation peut déboucher à la longue sur une glottophagie, l'aspiration de la langue marginalisée par celle de l'enseignement, mais pour que cela arrive, il faudrait d'abord que dans une telle situation, la majorité des personnes soit scolarisée. Ce qui n'arrive que par accident dans ces genres de société.

D'autres avantages que souligne l’UNESCO d'un enseignement en langue maternelle dès le plus jeune âge sont que les enfants sont plus nombreux à fréquenter l’école et à y obtenir de bons résultats (Kosonen, 2005) ; les parents ont plus de facilité à communiquer avec les enseignants et à accompagner leurs enfants dans leurs devoirs (Benson, 2002) ; les filles et les enfants des zones rurales qui ont moins de contact avec les langues dominantes poursuivent leurs études plus longtemps et ont moins tendance à redoubler (Hovens, 2002 ; UNESCO Bangkok, 2005) ; dans un environnement d’enseignement multilingue, les enfants ont tendance à acquérir de meilleures aptitudes à la réflexion que dans un environnement monolingue (cf. par exemple Bialystok, 2001 ; Cummins, 2000 ; King et Mackey, 2007). Certains éducateurs estiment même que les pays dans lesquels les élèves reçoivent un enseignement dans leur langue maternelle sont les seuls à avoir une chance d’atteindre les objectifs de l’Éducation pour tous.

Un autre avantage à souligner d'un enseignement en langue maternelle c'est que cela facilitera la diffusion de connaissance dans un plus grand nombre de langues. Ce qui ne sera sûrement pas facile si on considère qu'il a fallu plus de mille ans pour que les langues modernes européennes accumulent suffisamment de connaissances et prennent la place du latin et du grec parmi les langues d'enseignement. Mais malgré le temps que cela a pris, les résultats de cette révolution ont prouvé que cela en valait la peine.


Cette question de la diffusion de connaissances en langue maternelle s'est posée depuis l'Antiquité européenne, quand latin et langues locales cohabitaient. Cela a été un choc plutôt extraordinaire quand le grand écrivain florentin avait décidé d'écrire son œuvre "La divine comédie" en langue vulgaire, jusqu'à lors l'italien de l'époque. Quand à la langue des messes, la traduction de la bible... cela a fait couler autant d'encre que de sang. L'absence de textes savants rédigés dans les langues vernaculaires européennes explique pourquoi pendant si longtemps l'enseignement a été dispensé dans les langues classiques ; en effet, la plupart des connaissances dignes d'être acquises étaient véhiculées uniquement par ces langues. Lorsqu'au début du xviie siècle il a été suggéré d'assurer l'enseignement dans la langue nationale, à savoir le français, l'italien, l'anglais ou l'espagnol, l'idée a semblé révolutionnaire. Aujourd'hui, la question se pose encore. Anthropologues, sociologues, philosophes, linguistes acceptent tous ou pour la plupart que l'enfant soit et doit être enseigné dans sa langue maternelle, mais se heurtent à de nombreuses problèmes ou inconvénients qui occasionnent des divergences dans leur discours. Ils se posent certaines questions: Le peu de données écrites qui existent dans ces langues, ne ralentirait pas la machine éducative ? Les recensements donnent des résultats qui varient entre 3 000 et 9 000 langues environ dans le monde et à ces milliers de langues corres-pondent moins de 200 États souverains, ce qui peut faire que dans un même pays, il y a plus de 200 langues qui se parlent. Peut-on organisé un programme d'éducation qui pourrait satisfaire les besoins linguistique de tous? L'éducation en certaines langues (trop) minoritaires, n'occasionnerait-elle pas une exclusion des éduqués face à la mondialisation? 

Commentaires

  1. Ce serait vraiment remarquable si l'instruction primaire en Haïti était effectuée en Kreyòl Ayisyen. Nous aurions moins de c*nnards lettrés.

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