"Toujours autant passionné de culottes, Hash se demande pourquoi les femmes ont tous ces modèles de culottes les unes très différentes des autres. Habité à côté d'une littéraire, cousine de son ex, Hash sera enseigné par elle... Tout cela entre ses seuls témoins : des bougies. Ils se lancent alors dans un jeu sexuel où chacun essaie de remporter la partie dans les règles de l'art"
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Les douze coups de minuit sonnent
en même temps que la sonnette de chez moi. Ma chère voisine se tient devant ma
porte avec une jolie robe en soie, les cheveux en afro et à ses oreilles
pendent de jolies créoles des Antilles. Sans avoir attendu que je l’invite,
elle pénètre dans le salon puis se retourne, me regarde en mordillant ses
lèvres. Miaulant d’une manière très bizarre, elle saute à mon coup et
m’embrasse avec une telle violence mélangée à une telle passion que dans
l’instant, je me suis senti partagé entre deux mondes. En fin de compte, elle
me regarde mine de rien et me dit : « Mon cher Hash, ce soir notre
discussion se portera sur les culottes en cuir. » S’arrêtant un instant,
elle continue : « La culotte en cuir est symbole de domination et
d’entreprise. L’accessoire des femmes fatales. Elles évoquent l'érotisme à son
paroxysme et laissent peu place à l'imagination. Sa couleur, souvent noire ou
rouge vif, symbolise soit le dark-desir ou la passion à l’état pur. »
Je me contente tout simplement de
l’écouter, sans bouger, assistant justement à la naissance de chaque mot qui
éclore sur ses lèvres fardées d’un rouge provocateur. Elle se rapproche de moi,
visage contre visage, nez contre nez et souffle contre souffle, et
chuchote : « Mais moi, ce soir », en soulevant doucement sa
robe, « je porte une culotte en cuir rayée rouge et noire. » Puis en
mordillant ses lèvres, elle ajoute : « Je ne sais pas si tu vois ce
que je veux dire. »
Je décide de rentrer dans son jeu
de séduction. Avec un sourire malicieux, je lui réponds : "Ma chère, je
vois très bien ce que tu veux dire. Laisse-moi donc découvrir les secrets que
cache cette jolie culotte rayée."
D'un geste lent, je soulève
délicatement le bas de sa robe pour révéler la fameuse culotte en cuir. Le
contraste du rouge et du noir sur sa peau mate est terriblement excitant. Je
laisse mes doigts glisser le long des rayures, effleurant à peine le cuir lisse
et brillant. Elle frissonne sous ma caresse.
« Tu aimes ce que tu vois ?
me demande-t-elle d'une voix suave.
- Oh que oui, murmuré-je. Mais ce
n'est que le début... »
Je la prends par la main et
l'entraîne vers la chambre. Là, nous nous livrons à un ballet sensuel, nous
déshabillant mutuellement avec une lenteur délibérée pour faire durer le
plaisir. Bientôt, nos corps presque nus s'enlacent et se caressent avec
passion. Seule subsiste la culotte en cuir, ultime barrière avant l'extase.
Dans un élan, je l'allonge sur le
lit et descend embrasser son bas-ventre à travers le cuir noir et rouge. Elle
gémit sous la torture exquise de mes baisers. Puis, n'y tenant plus, elle me
supplie de lui retirer sa culotte. Je m'exécute avec un sourire, afin de libérer
enfin nos corps pour qu'ils puissent s'unir dans un paroxysme de volupté...
Mais madame décide de m’arrêter dans mon élan.
« Comme disait Oscar Wilde », mon
petit Hash, « "Le vrai mystère du monde est le visible et non pas
l'invisible". Et quoi de plus visible qu'une femme portant une audacieuse
culotte en cuir ? C'est là que réside toute la magie. Mais je pense que tu te laisses
trop emporter par ta libido. Jouons. Jouons car ce soir est notre dernier soir,
un soir qui doit durer dans notre conscience mutuelle. Jouons-nous. Mettons
notre corps comme prix incontesté d’un jeu de séduction que chacun va essayer
de remporter dans les règles de l’art. »
Je la regarde, incrédule et un
peu bouleversé. Je ne comprends pas son retournement. Sa sensualité, son envie
de jouer si soudain. Mais elle… Elle sait pourquoi. Me fixant avec un sourire
un peu triste, elle dit : « Tu es brillant Hash, et tu es même une
merveilleuse personne. Mais tu ne connais rien au femme, car jamais tu n’as
pris le temps de percer le mystère du visible. Toi qui as pourtant tant lire
Flaubert, tu devrait savoir qu’il a un jour dit : "Il n'y a point
d'amour sans intelligence". » Puis en étirant doucement, mais
brusquement sa culotte, elle ajoute : « Il faut bien comprendre cette
passion qui anime certaines femmes lorsqu'elles choisissent ces pièces
raffinées ».
Elle me propose de jouer à un jeu
et, si elle gagne la partie, ce soir ne sera donc pas le dernier. Mais si je
gagne, j’en déciderai selon mes codes. Les règles du jeu sont très simples :
L’un de nous prononcera un mot ou une phrase, et l’autre essayera de trouver
une citation dans la littérature en accord avec ce mot ou cette phrase, mais en
essayant de faire tomber la fine voile qui nous sépare encore.
_Commence A…
_Alors… Amour.
_ « L'amour est une passion
qui ne se soumet à rien, et à qui tout se soumet. » C’est une citation de
Sa Majesté Le Marquis de Sade, répondis-je avant demander : « pourquoi
est-ce que tu m’aimes, A… ? »
_« Pourquoi se
justifier ? L’amour ne s’explique
pas. » C’est de Diam’s. Puis ajoute : « Amour… »
_Tu me l’as déjà cité.
_Ce n’est pas stipuler dans les
règles qu’on n’a pas le droit de citer un mot deux fois.
_ « L'amour n'est que le
résultat de la fusion de deux êtres qui se cherchent et se trouvent. » Hery
Miller. Il y a pourtant trois jours qu’on se cherche, murmuré-je.
_« Continue de chercher et
tu trouveras, » a dit le Christ. En prenant une pause, elle me crie :
« Plaisir… »
_ « Les plaisirs, comme les
couleurs, peuvent être purs ou mélangés, vifs ou ternes, délicats ou forts,
rares ou communs, selon les individus qui les éprouvent. » Encore de Sa
Majesté Le Marquis de Sade. Puis je lui demande : « Et toi, A…
plaisir. »
_C’est ce que j’éprouve à
l’instant lorsque tu poses tes yeux sur moi, Hash ! C’est ma citation. Elle est inédite. Et si tu
veux savoir la vérité, c’est que ce soir, pour prêter les mots de Diam’s,
« j'enfile ma "culotte en cuir", j'suis prête à conquérir, à
t'emmener dans un monde où seul le plaisir règne en maître. »
Sa réponse me contrarie un peu.
Cette femme est de plus en plus désirable, de plus en plus belle à mes yeux,
mais aussi de plus en plus amoureuses. Amoureuse, donc dangereuse. Qu’est-ce
que je donnerais pas pour l’avoir à moi seul ? Mais comme toutes les autres fois, une fille
qui s’offre à moi de manière si ouverte me donne un tel effroi que je pourrais
même qualifier d’épouvante. Mais cette femme, je l’aime comme j’aime toutes les
femmes émancipée, toutes les littéraires, toutes celles qui peuvent être dames
au salon et putes au lit. Je me contente simplement de répondre :
« Emmène-moi donc, dans ce
monde où seul maître est le plaisir. »
Un petit vent fait valser les flammes des
bougies au moment même où elle fait glisser sa culotte sur ses cuisses.
Lentement, mais avec détermination. Elle bouge ses reins dans une danse lascive
destinée à faire briser mon membre qui ne demande qu’à trouver son terrier. Pour
la première fois depuis les trois jours, je prends le temps d’admirer la
créature et les mots d’Oscar Wilde qu’elle m’a cités tout à l’heure me sonne à
l’oreille : "Le vrai mystère du monde est le visible et non pas
l'invisible".
Voilà que le mystère se tient
devant moi complètement nu et je ne sais pas comment l’aborder. Comment peut-on
être aussi dame et aussi pute en même temps ? Je décide que ce n'est pas
un mystère à élucider pour le moment. Je me lève donc et la prends dans mes
bras par ses hanches en l’embrassant sur la bouche, en effleurant chaque
centimètre de son cou, de ses seins… En descendant encore plus bas. En chute
libres. Je m’arrête un instant sur son ventre avant de remonter à ses lèvres
tout en valsant, cherchant à tâtons la direction du lit. Je continue mon
exploration en nouant des liens avec chaque parcelle de son corps jusqu’à ce
que j’établis mon campement dans son bas-ventre où je découvre en même temps le
niveau de dextérité extraordinaire que pouvait atteindre ma langue. Elle frémit
de plaisir en repoussant ma tête afin qu’elle puisse s’extirper de ce monde
dont elle-même m’a donné un billet d’invitation.
Je la soulage en remontant vers
ses seins. Elle enlace ma taille avec ses jambes tout en poussant ses reins
vers les miens, me suppliant de la pénétrer. J’ai toujours su qu’il existait sous
chaque robe un chemin dérobé qui mène au paradis, mais en la pénétrant de la manière
si particulière qu’elle s’offre à moi, c’est la transcendance de son charme par
rapport à toutes les autres qu’elle me prouve.
À la fin de l’acte, alors que nous
sommes couchés côtes à côtes, elle me chuchote à l’oreille : « Tu sais,
cher Hash, la vraie passion n'est pas seulement dans les mots, mais aussi dans
les actes.
_ Les mots peuvent être
puissants, c'est vrai, répondis-je d'une voix rauque, mais parfois, il n'y a rien de mieux que de
laisser nos corps parler pour nous, de laisser la passion s'exprimer sans
retenue. Je t’aime A…
_Moi aussi. Mais je sais que tu es
comme un esprit : libre et indomptable.
Tu as ta façon particulière d’aimer et moi, je ne saurais tolérer de t’aimer sans
te posséder, Hash ! Sans que tu ne me
donnes l’impression de vouloir me posséder aussi.
_Tu as raison ! »
Elle se lève du lit pour se rhabiller…
je la fixe avec un regard gratifiant. Je la laisse partir, non sans regret, mais
ce sont des choses qui arrivent. On ne peut échapper à sa nature.
Oh ! Hélène…
Après trois lectures, j'ai la nette impression que cette "séance" (qui malheureusement ne sera pas la dernière vu que tout le monde a gagné au jeu proposé par la voisine) ressemble plutôt à une magnifique façon de se dire adieu.
RépondreSupprimerCe serait, j'ose le dire, décevant, de lire un prochain numéro tant que c'est bien FINI.
Si j'en crois mon expérience, toute tentative de tranformer un adieu en un au revoir se révèle, la plupart du temps, désastreux. Ce sont des choses qui arrivent.
Demandez à la petite Hirondelle, elle vous le confirmera.
Après c'est incontestablement bien écrit.
Encore une fois, chapeau ! 🙏🙏🙏