La langue française représente beaucoup de disparités entre l'écrit et le parlé. Ainsi ce qu'on dit en parlant n'est souvent pas écrit mot pour mot. L'assemblage des lettres « Eau » est par exemple prononcé « O », « Photo » est prononcé « Foto », etc. Mais s'il y a une règle de cette langue qui m'a attiré l'attention c'est la règle qu'on appelle par mnémotechnie, la règle Mbappé qui demande qu'on met toujours « devant M, P et B un M. » Mais pourquoi ? Nous vous invitons à lire la suite pour trouver la réponse.
Cette règle qui paraît être arbitraire n'a pourtant rien d'arbitraire. Tout le secret réside dans les langues qui servent de base au français : le latin et le grec. Cette disparité aurait alors existé dans ces langues, ancêtres du français.
Voici alors l'explication de l'académie française :
« Ces trois lettres, m, b et p, sont des labiales, c’est-à-dire qu’elles sont articulées au niveau des lèvres, tandis que n, une dentale, l’est au niveau des dents. Dans la chaîne parlée, passer d’une dentale à une labiale demande un certain effort, dont on se dispense en transformant cette dentale en la labiale équivalente, et ainsi n devient m. Ce phénomène, qui voit un phonème donner tout ou partie de ses caractéristiques au phonème qui le précède, s’appelle l’assimilation régressive et a bien sûr touché aussi le latin et le grec, auxquels nous sommes redevables de nombre de nos mots. Ainsi, quand le préfixe latin in-, qui indique la négation ou un déplacement vers l’intérieur, était lié à un mot ou une racine commençant par une de ces trois lettres, il devenait im-. À côté de formes comme indolens, « qui ne souffre pas, indolent », composé de in- et de dolens, « souffrant » ; infamis, « perdu d’honneur, infâme », composé à partir de in- et de fama, « renommée, réputation » ; ou innocens, « qui ne fait pas de mal, innocent », composé à partir de in- et de nocere, « être nuisible », il y en a d’autres dans lesquelles, pour les raisons exposées plus haut, in- est passé à im-, comme immortalis, « immortel », composé de in- et de mortalis, « mortel » ; imbibere, « tremper, imbiber », de in- et bibere, « boire », ou impedire, « empêcher » et, proprement, « mettre dans les pieds », composé à partir de in- et de pes, pedis, « pied ».
La langue grecque connut, elle aussi, ce phénomène : le préfixe sun-, « avec, ensemble », passé à syn- en français, que l’on retrouve dans des mots comme synchronie, tiré de khronos, « temps », ou syntaxe, tiré de taxis, « ordre, arrangement », se rencontre sous la forme sym-, dans symbiose, tiré de bios, « vie », symphonie, tiré de phônê, « son, voix », ou symétrie, que l’on a écrit symmétrie jusqu’au xviiie siècle, tiré de metron, « mesure ». Nous avons hérité de ces mots et conservé leur orthographe, et ce qui fut d’abord la transcription fidèle de ce qui se disait est devenu un usage, puis une règle qui, par analogie, s’applique aussi aux mots créés même après que la première labiale, n ou m, a cessé de se faire entendre.
Ajoutons pour conclure que l’on a aussi le phénomène inverse. Ainsi, le préfixe latin cum-, « avec », que l’on trouve sous la forme com- en français, s’il s’est maintenu dans des formes comme combat, commettre ou comparaître, est passé à con- dans concéder, conduire, conférer, congratuler, conjurer, connaître, conquérir, consacrer, contenir ou convoquer, et même à col- ou cor-, dans collègue ou correspondre. »
Si la langue française est si difficile, c'est simplement parce qu'elle garde beaucoup des règles des langues qu'elle hérite. Ainsi la prochaine fois que vous aurez à enseigner cette règle à une personne, songez à lui expliquer pourquoi c'est toujours « M » devant M, B et P.
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