La langue en tant que fait social tend à s’évoluer à mesure que la société progresse, évolue ou se modifie. Ainsi la langue tant à avoir de nouveaux usages et d’en rejeter certains. C’est en ce sens que depuis 2017, la langue française se trouve au cœur d’un débat féministe. Beaucoup de gens_linguistes, professeurs…_accusent la langue française d’être sexiste. Alors pourquoi ? C’est ce que cet article tient à vous expliquer.
Si on vous parle de controverse linguistique, de ce qu’il faut dire et ne pas dire… quelle langue vous monterait en premier à l’esprit ? Si vous dites la langue française, sachez que nous aussi. Et cette fois, c’est avec les féministes qu’elle a une querelle. Mais avant de vous parler de leur querelle qui date de 2017, parlons de certaines querelles qui ont déjà opposé la langue de Molière et les féministes.
●La féminisation des noms de métiers
La féminisation des noms de métiers a été sujet de beaucoup de débats. Il y a quelques années, on ne pouvait pas dire écrivaine, auteur n’avait pas de féminin, juge, maire… Grâce au mouvement féministe, les mots comme autrice, mairesse… ont vu le jour dans la langue française. Mais le débat n’est pas encore bouclé. L’académie française, en féminisant ces noms, a gardé quelques préjugés. On appellera présidente, la femme du président, mais on dira Madame le président pour une femme occupant la fonction. On dira la secrétaire pour une subalterne, mais Madame le secrétaire générale. Ainsi on dit Madame le ministre, Madame le juge, Madame le sénateur… Et les immortels de l’académie française ne sont pas encore prêts à agréer la requête des féministes.
Maintenant retournons au débat de 2017. À cette années, les partisans du féminisme ont publié sur internet une pétition intitulée Que les hommes et les femmes soient belles, en vue de demander l’élimination de la règle sur les accords des adjectifs et des participes passés stipulant que le masculin l’emporte sur le féminin. Aux yeux de ces gens, cette règle est sexiste et prépare déjà les enfants à voir le monde avec des yeux du patriarcat. Pour eux « la répétition de cette formule aux enfants […] induit des représentations mentales qui conduisent femmes et hommes à accepter la domination d’un sexe sur l’autre. » comme le souligne l’écrivaine Marie Darrieussecq, « la grammaire n’est pas abstraite, elle décrit le monde. Les mots sont performatifs : ils ne font pas que décrire, ils ordonnent. » Donc pour les féministes, cette culture du patriarcat ancrée dans la plus fondamentale des règles de grammaire de la langue française est à éliminer. L’éliminer d’accord. Mais par quelle règle faut-il le remplacer ? Les pétitionnaires ont fait plusieurs propositions qui sont l’accord de majorité, l’accord au choix, l’écriture inclusive ou en faisan tout simplement revenir l’accord de proximité. Que sont donc ces choses ?
●L’accord de majorité
L’accord de majorité est le fait d’accorder les mots avec celui qui exprime le plus grand nombre.
Exemple : Deux filles et un garçon très gentilles m’ont indiqué le chemin. (Gentilles au lieu de gentils, car il y a plus de filles que de garçons.)
●L’accord au choix
L’accord au choix, comme son nom l’indique, laisse la possibilité à la personne qui rédige de choisir la manière d’accorder.
●L’écriture inclusive
Cette règle stipule d’écrire les deux noms ou adjectifs en même temps comme les candidats et les candidates. Ou décrire avec un point médian (un nouveau signe de ponctuation insérée dans la langues pour servir le mouvement.)
Exemple : Les candidat•e•s étaient pressé•e•s de savoir les résultats.
●L’accord de proximité
L’accord de proximité ou règle de proximité est de loin la plus intéressante des propositions. Et si nous avons dit que les féministes proposent de revenir avec cette règle, c’est parce qu’elle ne date pas d’hier. Et que la règle stipulant que dans une phrase ayant des noms masculins et féminins et peu importe le nombres de noms féminins, le masculin l’emporte sur le féminin, est une règles récentes. Oui ! En ancien français, au moyen-âge jusqu’au début du XVIIIème siècle, la phrase les hommes et les femmes sont égales ne contenait pas de fautes. Pourquoi ? En français ancien, l’accord de proximité permettait d’accorder l’adjectif en genre et en nombre, avec le nom qui soit le plus proche de l’adjectif, qu’il soit féminin ou masculin, singulier ou pluriel. Et puisque dans la phrase les hommes et les femmes sont égales c’est le mot femmes qui est le plus proche de l’adjectif, c’est avec lui l’accord se fait. C’est le même procédé pour le titre de la pétition Que les hommes et les femmes soient belles.
Le Grand Dictionnaire des lettres (Larousse) souligne qu’en latin il en était de même : « Au latin remonte l’accord de l’épithète, s’il y a plus d’un nom support, avec le plus rapproché, précise l’ouvrage. Cet usage domine (irrégulièrement) en ancien français. » « La langue du Moyen Age pratiquait ordinairement l’accord avec le donneur le plus proche, confirme l’ouvrage de Grevisse. Les auteurs du XVIIe et même ceux du XVIIIe suivaient encore assez souvent l’ancien usage. » Mais même à cette époque, cette règle faisait encore débat. Par exemple elle chagrine le poète français de Malherbe mais ne déplaît pas au grammairien Claude Favre de Vaugelas (1585-1650) – l’un des premiers membres de l’Académie ! –, qui recommande d’écrire « le cœur et la bouche ouverte » ou « des travaux et des chaleurs excessives ». Si tel est le cas, d’où vient cette règle qui stipule que le masculin l’emporte sur le féminin ?
La règle précisant que le masculin l’emporte sur le féminin finit par s’imposer au XVIIIe pour des raisons qui ne doivent pas grand-chose à la linguistique : à cette époque, la supériorité masculine va tout simplement de soi. « Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte », affirme Bouhours en 1675. « Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle », complète élégamment, en 1767, le grammairien Nicolas Beauzée. « Cette règle grammaticale qui instaure la domination du masculin sur le féminin est historiquement très datée : elle nous renvoie à la monarchie absolue, au Roi-Soleil et au catholicisme triomphant, regrette Jacqueline Costa-Lascoux, directrice de recherches au CNRS.
●Il y a un hic
Prenons par exemple la phrase : les électeurs et les électrices inscrites pourront prendre la parole.
Bien que cet accord ne soit pas incorrect grammaticalement, l’Office québécois de la langue française ne l’encourage pas. L’accord de proximité demeure marginal actuellement et peut ainsi parfois entraîner de la confusion. En raison du caractère non générique du féminin, on pourrait comprendre, dans ce dernier exemple, que seules les électrices inscrites pourront prendre la parole et que tous les hommes le pourront, inscrits ou non.
La diversité des langues à toujours été intrigante et offre aux linguistes de mieux explorer le langage humain à travers la planète. Ce problème qui fait que la langue française soit sexiste n’existe pas en créole haïtien, ni en anglais d’ailleurs. Et comme l’a dit un jour un auteur linguiste, la confusion à Babel est la plus belle chose qui nous soit arrivés.
Un article tres enrichissant, je vous en remercie. Je pense que le mieux serait d'utiliser l'écriture inclusive, pour moins de confusion.
RépondreSupprimerHa ha vives les mâles 😁
RépondreSupprimerCeux eux qui ont bâtis le monde, qu'ils en profitent !😌
Il serait mieux de s'adapter à une écriture plus modeste
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