Le créole¹, comme nous aimons souvent le dire est aux côtés du vodou, ce qui a permis la révolution haïtienne contre les 2 siècles d’exploitation et de répression de la France sur l’île. Le créole, de par son origine et sa manifestation dans l’histoire, serait considéré comme langue de la révolution, de la justice et de la liberté. Pour faire suite à l’article le masculin l’emporte sur le féminin : cette règle fondamentale qu’on accuse d'être sexiste que nous avions publié il a quelques semaines, nous vous invitons à nous suivre dans des analyses comparatives de ses deux langues romanes, le créole et le français, afin de voir si le créole, vu comme la langue de la révolution, est réellement plus égalitaire que le français.
Le fameux Li dans le créole haïtien.
Commençons notre comparaison avec la transcription du genre en français. Pour cela nous allons utiliser les pronoms sujets de la troisième personne du singulier et du pluriel.
Si en français la troisième personne du singulier et du pluriel se transcrivent pas les pronoms sujet Il(s), pour le masculin et Elle(s) pour le pluriel, en créole cette disparité n’existe tout simplement pas. Homme et femme sont tous désignés par le pronom sujet Li. Ce détail que nous pourrions croire être anodin met pourtant l’homme et la femme sur un même niveau. Un seul pronom pour les désigner tous les deux sans distinction de sexe.
L’accord de l’adjectif
Le masculin l’emporte sur le féminin. Cette règle n’existe tous simplement pas en créole. Pourquoi ? Parce que les adjectifs en créole ne varient que rarement et ça ne concerne que quelques-uns. Si pour le français un homme est beau, une femme est belle, un homme et une femme sont beaux, pour le créolophone, dans tout les cas il utilisera l’adjectif bèl sans variations de nombres ni de genres. Ainsi la question de savoir quel sexe est le plus noble n’existe tout simplement pas dans la langue.
Mais dans les cas où l’adjectif peut varier, il peut avoir une situation où le créole se calque un peu sur le français. Le masculin de rusée en créole c’est rize ( [rizé] ) et le féminin c’est rizèz. Dans une phrase où l’on voudrait qualifier un groupe mixte de cette adjectifs, on utilisera rize. Mais cette utilisation ne semble déranger personne, et dans ce cas, le masculin semble être utilisé comme un neutre. Mais il est essentiel de noter que rize peut être utilisé pour qualifier une femme et en créole ce n’est pas une faute. Car peu importe l'adjectif utilisé, la variation de l'adjectif est relatif en créole
Les termes génériques
Des droits de l’homme aux droits humains, le français semble être fait pour se heurter à ses disparités genre. Le terme homme pour désigner l’humain mâle et toute l’espèce ne plaît pas aux féministes et c’est pour cela qu’ils ont demandé le remplacement du mot homme par le mot humain dans l’expression des droits de l’homme. En créole, cela n’a nulle possibilité de se produire. Car pour désigner un homme, une femme et l’espèce, nous avons des mots bien particuliers et l’un n’est synonyme de l’autre. Ainsi femme c’est fanm, homme c’est nonm et le mot pour désigner l’espèce toute entière c’est moun. Ce qui fait que droits humains se traduit en créole sans heurter les esprits, dwa moun.
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¹ Ici, il est question du créole haïtien.
Merci pour ce bel article, c'est très intéressant. Je n'aurais pas pu savoir que le créole avait tant à nous apprendre encore plus sur l'égalité.
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